Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/287

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des nouvelles qu’il recevait de jour en jour, attendait de lui des éclaircissemens, et paraissait étonné de son silence. Il commença par le délivrer de cette inquiétude en lui disant avec une feinte assurance que les Espagnols de la flotte étaient des sujets de son roi, et de nouveaux ambassadeurs qui venaient sans doute appuyer ses premières propositions ; qu’ils formaient une espèce d’armée, suivant l’usage de leur nation, mais qu’il les disposerait à retourner en Espagne, puisqu’ils n’avaient rien à désirer de sa majesté, après ce qu’ils en avaient obtenu, et qu’il était même résolu de partir avec eux. L’adresse ne lui parut pas moins nécessaire pour animer ses propres soldats ; il leur dit que Narvaëz était son ancien ami, et qu’il lui connaissait assez d’élévation d’esprit et de sagesse pour préférer l’honneur de l’Espagne et le service du roi aux intérêts d’un particulier ; qu’à la vérité Vélasquez ne pensait qu’à la vengeance ; mais que les troupes qu’il croyait envoyer contre eux étaient plutôt un secours qui les aiderait à pousser leurs conquêtes ; et qu’au lieu de les trouver des ennemis, ils pouvaient se promettre d’y voir bientôt leurs compagnons. Cependant il s’ouvrit plus librement avec ses capitaines ; et, s’étant contenté de leur faire observer que Narvaëz entendait peu la guerre, que la plupart de ses soldats n’avaient pas plus d’expérience, et que tant de faiblesse et une cause injuste devaient donner peu d’alarme à des cœurs éprouvés, il