Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/288

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ne laissa pas de les faire entrer, par des raisons de prudence et d’honneur, dans la résolution de tenter la voie d’un accommodement, en offrant à Narvaëz des conditions si raisonnables qu’il ne pût les refuser sans se couvrir de tout le blâme d’une rupture ; ce qui ne l’empêcha point de prendre diverses précautions qui répondaient à son activité. Il avertit ses amis de Tlascala de tenir prêt un corps de six mille guerriers ; les Espagnols qu’il avait employés à la découverte des mines, dans la province de Chinantla, reçurent ordre de disposer les caciques de cette province à lui envoyer deux mille hommes. Ces peuples étaient belliqueux et fort ennemis des Mexicains ; ils avaient témoigné beaucoup d’affection pour les Espagnols. Cortez les crut propres à fortifier ses troupes ; et, se souvenant d’avoir entendu vanter le bois de leurs piques, il en fit venir trois cents qu’il fit armer d’excellent cuivre, au défaut de fer, et qui furent distribuées à ses soldats. Ce soin regardait particulièrement la cavalerie de Narvaëz qui faisait sa principale crainte.

Les prisonniers de Sandoval étant arrivés au bord du lac, et Solis l’ayant informé qu’il attendait ses ordres, il se hâta d’aller au-devant d’eux ; mais ce fut pour leur ôter leurs fers et pour les embrasser avec beaucoup de bonté en assurant Guevara qu’il punirait Sandoval d’avoir manqué de respect pour sa personne et son caractère ; il le conduisit au quartier,