Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/35

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en jour, on fut extrêmement surpris d’entendre dans le golfe le bruit de quelques pièces d’artillerie, et toutes les factions se réunirent pour y répondre. Bientôt on aperçut deux navires : ils étaient commandés par Rodrigue-Enriquez de Colmenarez, qui portait des provisions et soixante hommes à Nicuessa. Il avait d’abord été jeté par le vent au port de Sainte-Marie, éloigné d’environ cinquante lieues de celui de Carthagène ; et tandis, qu’il y faisait tranquillement de l’eau, un corps d’Américains qui étaient tombés sur ses gens avec leurs flèches empoisonnées lui en avait tué quarante-six ; il en avait perdu sept autres, qui, s’étant dispersés dans leur fuite, n’avaient pu trouver le moyen de retourner à bord. Le chagrin de son infortune et la nécessité de se radouber l’avaient conduit au côté oriental du golfe, dans l’espérance d’y rencontrer Ojéda ; mais, n’y ayant trouvé que des indices de sa mort, il avait pris la résolution de visiter toutes les parties du golfe, en tirant par intervalles et faisant allumer des feux qui pouvaient servir à rassembler les malheureux Castillans, s’il en était resté quelques-uns sur cette côte.

Son arrivée répandit une joie extrême dans la colonie ; mais bientôt elle y fit succèder de nouveaux troubles. Comme son inquiétude était fort vive pour Nicuessa, qui était son intime ami, dont il n’apprenait aucune nouvelle, il prêta l’oreille aux désirs de ceux qui le demandaient pour gouverneur ; et, se les étant attachés