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cette princesse à la constance par quelques mots qui ne furent point entendus. Ensuite il lui donna la main pour monter dans le brigantin ; et, s’apercevant qu’Holguin regardait les autres barques avec quelque embarras, il lui dit : Soyez sans inquiétude : tous mes sujets viennent mourir aux pieds de leur prince. En effet, au premier signe qu’il leur fit, ils laissèrent tomber leurs armes, et, se reconnaissant prisonniers par devoir, ils suivirent tranquillement le brigantin.

Sandoval continuait de combattre, et s’apercevait à la résistance des caciques qu’ils étaient résolus de l’arrêter aux dépens de leur vie. Cependant leur valeur parut les abandonner aussitôt qu’ils se crurent certains de la captivité de l’empereur. Ils passèrent en un instant de la surprise au désespoir, et les cris de guerre se changèrent en gémissemens lamentables. Non-seulement ils prirent le parti de se rendre, mais la plupart s’empressèrent de passer sur les brigantins pour suivre la fortune de leur maître. Holguin, qui avait dépêché d’abord un canot à Cortez, passa dans ce moment à la vue de Sandoval, et, voulant conserver l’honneur de conduire son prisonnier au général, il évita de s’approcher des brigantins, dans la crainte d’être arrêté par un ordre auquel il n’aurait pas obéi volontiers. Il trouva l’attaque des tranchées commencée dans la ville, et les Mexicains employés de toutes parts à les défendre ; mais l’infortune de l’empereur,