portée de la pique et du sabre. Pendant qu’ils combattaient avec cet emportement, Sandoval observa que six ou sept grandes barques s’éloignaient à force de rames. Il donna ordre à Garcie Holguin, qui commandait le brigantin le plus léger, de les suivre avec toute la diligence des rames et des voiles, et de les attaquer à toutes sortes de risques, mais moins pour les endommager que pour les prendre. Holguin les poussa si vigoureusement, qu’ayant bientôt assez d’avantage pour tourner la proue, il tomba sur la première, qui paraissait commander toutes les autres. Elles s’arrêtèrent comme de concert. Les matelots mexicains haussèrent leurs rames ; et ceux de la première barque poussèrent des cris confus, dans lesquels les Espagnols, qui commençaient à savoir quelques mots mexicains, crurent démêler qu’ils demandaient du respect pour la personne de l’empereur. Leurs soldats baissèrent les armes ; et cette soumission servit encore mieux à les faire entendre. Holguin défendit de faire feu ; mais, abordant la barque, il s’y jeta l’épée à la main avec quelques Espagnols.
Guatimozin, qui était effectivement à bord, s’avança le premier ; et, reconnaissant le capitaine à la déférence qu’on avait pour lui, il lui dit d’un air assez noble qu’il était son prisonnier, et disposé à le suivre sans résistance, mais qu’il le priait de respecter l’impératrice et les femmes de sa suite. Il exhorta