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dres. Il s’engagea sur la chaussée, dans le dessein de former son attaque par terre, et d’employer son artillerie à déloger l’ennemi des autres postes. En approchant de la ville, ses premiers rangs découvrirent à quelque distance des murs un gros de sept ou huit mille hommes qui semblaient sortis pour les défendre, et qui attendaient les Espagnols avec assez de fermeté pour soutenir un combat de quelques momens. Ensuite, faisant leur retraite sans désordre jusqu’aux portes de la ville, on fut surpris qu’au lieu de les fermer ou de continuer le combat, ils se jetèrent tous dans le lac en poussant des cris et secouant leurs armes avec autant de fierté qu’ils en avaient marqué dans l’action. Cortez jugea qu’une retraite de cette nature couvrait quelque piége. Cependant, après avoir fait reconnaître la place avec toutes les précautions militaires, il résolut d’y entrer. Les maisons se trouvèrent abandonnées, et l’on n’entendait plus qu’un bruit confus sur le lac, dans un assez grand éloignement. L’approche de la nuit, qui ne permettait point aux Espagnols de courir les risques d’un nouveau combat, leur fit prendre le parti de se loger dans un lieu dont on ne leur disputait point la possession, et Cortez était déjà résolu de garder ce poste ; mais quelques heures après on s’aperçut que l’eau commençait à déborder les canaux avec une telle impétuosité, qu’elle couvrit en un moment les plus basses parties de la ville.