Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/10

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C’était le stratagème que Cortez n’avait fait que pressentir, et qui réduisit la plupart de ses soldats à la nécessité de faire leur retraite dans l’eau jusqu’aux genoux. Il se reprocha beaucoup de n’avoir pas compris qu’en fermant les écluses du côté du grand lac où les eaux se portaient par leur pente, toute la ville pouvait être inondée. L’armée se logea par degrés dans la plus haute partie, où elle passa le reste de la nuit avec beaucoup d’incommodité et sans aucune défense contre le froid. À la pointe du jour, Cortez désespérant de garder sa conquête, et la remettant à l’arrivée des brigantins, reprit le chemin de Tezcuco, avec l’attention de faire doubler le pas à ses troupes, pour les échauffer par ce mouvement ; mais il paraît que le soin de leur conservation n’y eut pas moins de part, puisqu’aux premiers rayons du soleil on découvrit une multitude innombrable de canots qui s’avancèrent des deux côtés du lac jusqu’aux bords de la chaussée. Les arbalètes des Espagnols et les flèches de leurs alliés furent les seules armes avec lesquelles on repoussa le premier effort, parce que la poudre se trouva mouillée. Cependant l’ennemi revint plusieurs fois à la charge et força Cortez de s’arrêter plus d’une fois pour faire face aux plus emportés. Ses piquiers firent une cruelle boucherie de ceux qui osèrent s’avancer jusqu’à terre ; mais plusieurs Espagnols furent blessés, et les Tlascalans perdirent quelques hommes. Un cheval, percé d’une infinité