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l’année, elle est presque sans eau ; mais elle est assez forte en hiver pour recevoir toutes sortes de bâtimens.

La ville contient encore quatre ou cinq cents maisons ; une grande place qui en fait le centre offre quelques arbres d’une prodigieuse grandeur. L’air est si malsain dans l’intérieur des murs, que les femmes quittent toujours la ville dans le temps de leurs couches, parce que ni elles ni les enfans qu’elles mettent au monde ne peuvent alors résister à l’infection ; et, par un usage extrêmement singulier, on fait passer le matin dans toutes les rues des troupes de bestiaux fort nombreuses, pour leur faire emporter les pernicieuses vapeurs qu’on croit sorties de la terre.

Villa-Rica, ou la vieille Vera-Cruz, étant dans cette mer, le port le plus voisin de Mexico qui n’en est éloigné que de soixante lieues d’Espagne, on a continué fort long-temps d’y décharger les vaisseaux ; ensuite les dangers du port ont fait penser à choisir un autre lieu. Avant qu’on se fût déterminé à ce changement, les plus riches négocians ne venaient à l’ancienne ville que dans le temps où les flottes arrivaient d’Espagne : ils faisaient leur séjour habituel à Xalapa, ville située à seize milles de la mer, sur le chemin de Mexico ; mais, comme ils avaient besoin à cette distance de quatre ou cinq mois pour décharger les vaisseaux, et pour transporter les marchandises, une incommodité si nuisible au commerce les fit penser à prendre