Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/96

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de se nommer blancs, autant parce qu’ils se croient honorés de ce titre que pour se distinguer des Américains et des esclaves nègres. On ne passe point pour un homme de considération parmi eux lorsqu’on n’est pas riche de cinq ou six cent mille piastres. Leur sobriété va si loin, qu’ils se nourrissent presque uniquement de chocolat et de confitures. Les hommes sont fiers, et les femmes vivent retirées dans leurs appartemens d’en-haut, pour éviter la vue des étrangers, qu’elles verraient néanmoins volontiers, si leurs maris leur en laissaient la liberté. Si elles sortent quelquefois, c’est dans une voiture, et celles qui n’en ont point sont couvertes d’une grande mante de soie qui leur pend de la tête jusqu’aux pieds, avec une petite ouverture du côté droit, pour les aider à se conduire. Dans l’intérieur des maisons, elles ne portent sur leur chemise qu’un petit corset de soie, lacé d’un trait d’or ou d’argent ; et, pour toute coiffure, leurs cheveux sont noués d’un ruban sur la tête : avec un habillement si simple, elles ne laissent pas d’avoir une chaîne d’or autour du cou, des bracelets du même métal aux poignets, et des émeraudes fort précieuses aux oreilles. Les hommes entendent fort bien le commerce ; mais leur indolence naturelle leur donne de l’aversion pour le travail. On leur voit sans cesse des chapelets et des reliquaires aux bras et au cou. Toutes leurs maisons sont remplies de figures et d’images de saints.