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bois. Après les orages, on entend toujours un bruit effroyable, formé du coassement des grenouilles et des crapauds, du bourdonnement des mousquites, du sifflement des serpens, et des cris d’une infinité d’autres insectes. La pluie même est quelquefois si forte, qu’une plaine qu’elle inonde est transformée tout d’un coup en lac. Il n’est pas rare de voir des orages qui déracinent les arbres, et qui les entraînent jusque dans les rivières.

La ville de Saint-Philippe de Porto-Bello est située à 9° 33′ de latitude nord, et à 31° 55′ de longitude à l’ouest de Paris. Elle doit son origine à la bonté de son port, dont on voit qu’elle tire son nom. Nombre de Dios, après avoir essuyé diverses fortunes depuis l’année 1510, où l’on a rapporté sa fondation, fut abandonné en 1584, par l’ordre de Philippe ii, et ses habitans furent employés à former Porto-Bello dans une situation plus avantageuse pour le commerce d’Espagne. Cette ville était autrefois très-florissante par le commerce des métaux précieux et des marchandises du Pérou, qui passaient exclusivement par l’isthme de Panama pour être envoyés en Europe. Le commerce ne se faisant plus comme autrefois par les galions, Porto-Bello a beaucoup déchu. Il est cependant intéressant de connaître son état au temps de sa splendeur.

La ville, dit un voyageur de la fin du dix-septième siècle, est située en forme de croissant, sur le penchant d’une montagne qui en-