Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 15.djvu/14

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nouvelles vapeurs qui l’obscurcissent. Il survient alors des pluies subites, et le temps s’éclaircit encore avec la même promptitude, sans que tous ces changemens en fassent jamais éprouver dans la chaleur. Les pluies sont des ondées violentes qui paraissent capables de tout submerger : elles sont accompagnées de tonnerre et d’éclairs, avec un fracas si terrible, que les plus braves en sont effrayés. Le port étant au milieu des montagnes, rien ne peut donner une idée du retentissement qui s’y produit, et qui est encore augmenté par les cris des singes et des animaux de toute espèce, surtout le soir et le matin, lorsque les vaisseaux tirent le coup de la retraite ou du réveil.

L’intempérie du climat fait nommer Porto-Bello le tombeau des Espagnols ; le nombre de ses habitans est proportionné à la petitesse de la ville, et la plupart sont nègres ou mulâtres. On n’y compte pas plus de trente familles de blancs ; les plus riches n’y passent que le temps de la foire, et se retirent ensuite à Panama : il n’y reste que le gouverneur, les commandans des forts, les alcades et la garnison, qui est ordinairement de cent vingt-cinq hommes envoyés de Panama.

Les vivres sont rares, et par conséquent très-chers dans le pays, surtout pendant le séjour des galions. On tire alors de Carthagène du maïs, du riz, de la cassave, des porcs, de la volaille, et toute sorte de racines. Les bestiaux viennent de Panama ; mais la côte fournit d’excellent