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chement des femmes, et cette opinion les faisait partir deux ou trois mois avant le terme, pour aller faire leurs couches à Panama. Une femme de distinction ayant heureusement bravé le danger par affection pour son mari, à qui ses affaires ne permettaient point de quitter Porto-Bello pour la suivre, la prévention s’est dissipée. Les habitans ont les idées les plus désavantageuses de leur climat ; ils assurent que les animaux des autres pays cessent de multiplier lorsqu’ils sont transportés dans leur ville ; que les poules, par exemple, qui viennent de Panama et de Carthagène, sont stériles après leur arrivée, et que les bœufs amenés de Panama deviennent si maigres qu’on n’en peut presque plus manger la chair, sans que les pâturages dont les montagnes et les vallons abondent aux environs de la ville puissent arrêter ce dépérissement : la même raison empêche qu’on y entretienne des haras de chevaux et d’ânes.

Les chaleurs sont excessives à Porto-Bello ; on en rejette particulièrement la cause sur les hautes montagnes qui l’entourent et qui ferment le passage au vent. Les arbres épais dont elles sont couvertes ne permettant point aux rayons du soleil de sécher la terre, il en sort continuellement d’épaisses vapeurs qui redescendent en pluies abondantes, après lesquelles le soleil recommence à se montrer ; mais aussitôt qu’il a séché le feuillage des arbres et la superficie du terrain, il se trouve enveloppé de