beaucoup, et dont ils ont ordinairement trois ou quatre, ainsi qu’un ou deux cochons, des poules et des oies. Leurs meubles consistent en divers vaisseaux de terre, et le coton que leurs femmes filent ; leurs lits sont des peaux de moutons étendues à terre, sans coussin et sans couverture. La plupart ne se couchent point, et dorment accroupis sur leurs peaux. Ils ne se déshabillent jamais pour dormir.
Quoiqu’ils élèvent des poules et d’autres animaux dans leurs chaumières, ils n’en mangent pas la chair. Leur tendresse pour ces bêtes va si loin, qu’ils ne peuvent se résoudre à les tuer ni à les vendre. Un voyageur qui est forcé de passer la nuit dans une de ces cabanes offre en vain de l’argent pour obtenir un poulet : le seul parti est de le tuer soi-même. Alors la Péruvienne jette des cris, pleure, se désole ; enfin, voyant le mal sans remède, elle consent à recevoir le prix de sa volaille.
L’usage des Péruviens est de mener avec eux toute leur famille quand ils voyagent. Les mères portent leurs petits enfans sur leurs épaules. La cabane demeure fermée ; et comme il n’y a rien de précieux à voler, une simple courroie suffit pour serrure. Les animaux domestiques de la famille sont confiés à un voisin, lorsque le voyage doit être de quelque durée ; autrement, on se repose sur la garde des chiens ; et ces animaux sont si fidèles, qu’ils ne laissent approcher personne de la cabane. Ulloa remarque que les chiens élevés par des Espagnols