et des métis ont une si furieuse haine pour les Américains, que, s’ils en voient entrer un dans une maison où il ne soit pas connu, ils s’élancent sur lui pour le déchirer, lorsqu’ils ne sont pas retenus ; mais, d’un autre côté, les chiens élevés par les Américains ont la même haine pour les Espagnols et les métis.
La plupart des Péruviens qui ne sont pas nés dans une ville ou dans une grande bourgade ne parlent que la langue de leur nation, qu’ils appellent quichoa ; elle fut répandue par les incas dans toute l’étendue de leur vaste empire, pour y rendre le commerce plus aisé par l’uniformité du langage. Quelques-uns néanmoins entendent et parlent l’espagnol ; mais ils ont bien rarement la complaisance d’employer cette langue avec ceux qui ne comprennent pas la leur, et s’obstinent plutôt à se taire. Dans les villes et les bourgs, ils se font honneur au contraire de ne parler qu’espagnol, jusqu’à feindre d’ignorer le quichoa. Ils sont tous superstitieux à l’excès ; et, par un reste de leur ancienne religion, que tous les efforts des curés ne sont pas encore parvenus à détruire, ils ont des méthodes pour pénétrer dans l’avenir, se rendre heureux, et obtenir du succès dans leurs entreprises.
Ils n’ont que de bien faibles notions du christianisme. Ulloa convient qu’il s’en trouve fort peu qui l’aient sincèrement embrassé. S’ils assistent au service divin les dimanches et les fêtes, ils y sont forcés par la crainte des châti-