Les ruines, où la jointure et le poli des pierres se font admirer, ne laissent presque aucun doute que ces peuples ne se servissent des pierres mêmes pour en polir d’autres par le simple frottement ; car on ne concevrait pas qu’avec les seuls outils qu’ils employaient ils eussent pu parvenir à cette perfection. On est persuadé qu’ils n’ont pas connu l’art de travailler le fer. Il s’en trouve des mines dans le pays ; mais rien n’a pu faire soupçonner qu’ils les eussent jamais exploitées. On ne vit pas un morceau de fer chez eux à l’arrivée des Espagnols ; et le cas extraordinaire qu’ils faisaient des moindres bagatelles de ce métal prouve qu’il leur était absolument inconnu.
On ne doit pas oublier, entre les monumens de l’ancienne industrie des Péruviens, les bâtimens qu’ils employaient pour la navigation, et dont l’usage subsiste encore. Il n’est pas question des canots, qui sont très-connus, mais d’une sorte d’édifices flottans nommés balzes, qui servent en mer comme sur les fleuves. Le bois dont les balzes sont formées est mou, blanchâtre, et d’une extrême légèreté ; il n’est plus connu au Pérou que sous le nom espagnol de balna, qui signifie radeau.
On fait des balzes de différentes grandeurs. C’est un amas de cinq, sept ou neuf solives, jointes par des liens de béjuques, et des solivaux qui croisent en travers sur chaque bout. Elles sont amarrées si fortement l’une à l’autre, qu’elles résistent aux plus impétueuses vagues.