trouva aussi, en descendant plus bas, une carrière d’ardoise, pierre dont on ne fait aucun usage dans le pays, et qui n’y est pas même connue.
Sur la fin du mois d’août 1739, La Condamine n’ayant pu se défendre d’assister à une course de taureaux qui se faisait à Cuença, il fut témoin d’un triste spectacle. Seniergues, chirurgien de la compagnie française, honoré par conséquent de la protection de deux souverains, fut assassiné en plein jour, à l’occasion d’une querelle particulière. Ce meurtre fut suivi d’un soulèvement général contre les mathématiciens, sans en excepter les deux officiers espagnols, et la plupart virent leur vie menacée. La Condamine, que Seniergues avait nommé, en mourant, son exécuteur testamentaire, se trouva forcé d’intenter, et de soutenir pour l’honneur du mort, un procès criminel qui dura près de trois ans. Les coupables en furent quittes pour quelques années d’un bannissement qu’ils n’observèrent point, et pour une amende qui ne fut pas payée ; ils furent même absous après le départ des académiciens ; mais le plus criminel ne laissant pas de craindre la justice, quelquefois sévère quoique toujours lente, du conseil d’Espagne, prit le parti de se faire prêtre.
Les embarras de cet événement, qui donnèrent un nouveau lustre au caractère noble et généreux de La Condamine, ne furent pas adoucis par les divertissemens qu’on lui pro-