Panama est le siége d’une audience royale. La ville reçoit un autre lustre de son évêque, qui se qualifie de primat de Tierra-Firme. Ses tribunaux sont l’ayantamiento, ou le conseil de ville, composé d’alcades et de régidors ; la chambre des caisses royales, et celle de l’inquisition, dont le tribunal de Carthagène nomme les officiers. La cathédrale et tous les couvens sont de pierre. Quoique Panama ait des habitans riches, et qu’il n’y en ait pas un qui n’y mène une vie aisée, don Ulloa nous assure que l’opulence de cette ville ne répond point à l’opinion qu’on a de son commerce. L’arrivée des galions à Porto-Bello décide du principal commerce de Panama. Non seulement c’est dans cette ville que l’armadille du Pérou vient débarquer son trésor, mais elle sert aussi d’entrepôt aux marchandises qui remontent le Chagre ; et ce trafic est d’un grand avantage pour les habitans. Cependant leur profit ne consiste que dans le loyer des maisons, le fret des bâtimens, et la fourniture des mules et des nègres, qui vont prendre les marchandises à Crucès pour les transporter à Panama par un chemin taillé dans le roc, qui traverse les Cordillières, et si resserré en divers endroits, qu’une bête de charge y passe à peine le corps, et n’y marche point avec une charge sans un extrême danger.
Dans d’autres temps, Panama ne laisse point de voir aborder quantité d’étrangers dans ses murs ; les uns qui arrivent d’Espagne pour