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titre. Elle s’accrut pendant plus de cent cinquante ans, et rien ne manquait à la splendeur de son commerce, lorsqu’en 1670 elle fut pillée et brûlée par des pirates anglais, sous la conduite du fameux Morgan, flibustier. Les Espagnols, obligés de la rebâtir, choisirent, dans cette vue, le lieu qu’elle occupe aujourd’hui, éloigné d’une lieue et demie de son ancienne place, et bien plus avantageux. Elle est ceinte d’un mur de pierres fort larges, et défendue par une forte garnison, dont on envoie des détachemens pour la garde de Darien, de Chagre et de Porto-Bello.

La plupart des maisons de Panama ne sont que de bois, d’un seul étage, avec un toit de tuiles ; mais elles sont grandes et belles. Un faubourg, qui est hors de l’enceinte, et plus grand que la ville même, n’est bâti aussi que de bois. Les rues de la ville et du faubourg sont droites, larges et pavées de pierres. On s’y croyait à couvert de l’incendie, parce que le bois des édifices passe pour incombustible, ou du moins que le feu qui tombe dessus ne fait que le percer, sans le mettre en flamme, et s’éteint dans sa cendre. Mais la ville n’a pas laissé d’être ravagée par le feu en 1737 ; ce qu’on attribue à la nature du feu même, qui, ayant commencé dans une cave pleine de brai, de goudron et d’eau-de-vie, prit une force à laquelle cette singulière espèce de bois ne put résister. Toutes les maisons brûlées ont été rebâties en pierre.