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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 15.djvu/311

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deau de chaque bord. Il compta 57 minutes à sa montre, depuis l’entrée du Pongo jusqu’à Borja, et, malgré l’opinion reçue, à peine trouva-t-il deux lieues de vingt au degré (moins de 6,000 toises) de San-Iago à Borja, au lieu de trois que l’on compte ordinairement. Deux ou trois cimes des plus rudes contre les rochers, dans les détours, l’auraient effrayé, s’il n’eût été prévenu. Il jugea qu’un canot s’y briserait mille fois et sans ressource. On lui montra le lieu où périt un gouverneur de Maynas : mais les pièces d’un radeau n’étant point enchevêtrées ni clouées, la flexibilité des lianes qui les assemblent produit l’effet d’un ressort qui amortirait le coup. Le plus grand danger est d’être emporté dans un tournant d’eau hors du courant. Il n’y avait pas un an qu’un missionnaire qui eut ce malheur y avait passé deux jours entiers sans provisions, et serait mort de faim, si la crue subite du fleuve ne l’eût remis dans le fil de l’eau. On ne descend en canot que dans les eaux basses, lorsque le canot peut gouverner sans être trop maîtrisé par le courant.

L’académicien se crut dans un nouveau monde à Borja. « Il s’y trouvai, dit-il, éloigné de tout commerce humain, sur une mer d’eau douce au milieu d’un labyrinthe de lacs, de rivières et de canaux qui pénètrent de toutes parts une immense forêt qu’eux seuls rendent accessible. Il rencontrait de nouvelles plantes, de nouveaux animaux et de nouveaux