hommes. Ses yeux, accoutumés depuis sept ans à voir des montagnes se perdre dans les nues, ne pouvaient se lasser de faire le tour de l’horizon sans autre obstacle que les collines du Pongo, qui allaient bientôt disparaître à sa vue. À cette foule d’objets variés, qui diversifient les campagnes cultivées des environs de Quito succédait ici l’aspect le plus uniforme. De quelque côté qu’il se tournât, il n’apercevait que de l’eau et de la verdure. On foule la terre aux pieds sans la voir ; elle est si couverte d’herbes touffues, de plantes, de lianes et de broussailles, qu’il faudrait un long travail pour en découvrir l’espace d’un pied. Au-dessous de Borja, et quatre à cinq cents lieues plus loin en descendant le fleuve, une pierre, un simple caillou est aussi rare qu’un diamant : les sauvages de ces contrées n’en ont pas même l’idée. C’est un spectacle divertissant que l’admiration de ceux qui vont à Borja, lorsqu’ils en rencontrent pour la première fois. Ils s’empressent de les ramasser, ils s’en chargent comme d’une marchandise précieuse, et ne commencent à les mépriser que lorsqu’ils les voient si communs. »
La Condamine était attendu à Borja par le P. Magnin, missionnaire jésuite. Après avoir observé la latitude de ce lieu, qu’il trouva de 4° 28′ sud, il partit le 14 juillet avec ce père pour la Laguna. Le 15, ils laissèrent au nord l’embouchure du Morona, qui descend du volcan de Sangay, dont les cendres traver-