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du côté du nord jusqu’au bord d’une rivière très-profonde, et large d’environ quarante pieds. Il était six heures du matin : nous aperçûmes sur la rive un grand arbre qui paraissait avoir été nouvellement abattu à coups de hache, et qui, s’étendant d’un bord de la rivière à l’autre, formait une espèce de pont pour la traverser. Nous jugeâmes que c’était l’ouvrage de nos compagnons, ou que du moins ils avaient suivi cette route. Notre première résolution fut de passer la rivière, et de marcher sur leurs traces. Nous passâmes à la file sur un pont que les pluies avaient rendu si glissant, que nous eûmes beaucoup de peine à nous soutenir ; mais en vain cherchâmes-nous quelques vestiges de ceux qui nous avaient précédés ; la terre était couverte de boue, et tout inondée des dernières pluies. Nous n’en fûmes pas moins forcés de passer la nuit dans ce lieu ; et le lendemain nous repassâmes la rivière pour suivre son cours, qui nous paraissait descendre vers la mer du Nord. Nous eûmes à traverser jusqu’à la fin du jour des bois de grands roseaux et de ronces. Le soir nous nous trouvâmes dans un accablement de fatigue et de faim auquel nous aurions infailliblement succombé, si le ciel, qui veillait à notre vie, ne nous eût fait découvrir un maca ou cocotier du Brésil chargé de fruits : nous en mangeâmes avidement, et nous en fîmes une provision qui nous donna de meilleures espérances pour le jour suivant.

» Après avoir marché depuis le lever du so-