Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 15.djvu/39

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leil, nous arrivâmes, vers quatre heures après midi, sur le bord d’une autre rivière, qui recevait celle dont nous avions suivi la rive. Comme elle paraissait aussi couler vers le nord, nous résolûmes de faire deux radeaux pour la descendre. Les grands roseaux que nous avions autour de nous favorisaient ce dessein. Nous en coupâmes quelques-uns ; et, les laissant dans toute leur longueur, nous les liâmes ensemble avec des branches de divers arbrisseaux. La nuit nous surprit avant la fin de notre travail ; mais les fruits ne nous manquant point encore, nous établîmes notre logement sur une petite éminence couverte d’arbres d’une prodigieuse grosseur. Il nous fut aisé de ramasser assez de bois pour allumer du feu ; et nous commencions à nous endormir tranquillement lorsqu’il survint un si furieux orage, que le ciel et la terre semblaient près de se confondre. La pluie fut accompagnée de tonnerres et d’éclairs avec une odeur de soufre, dont nous nous sentîmes presque étouffés. Bientôt nous entendîmes de toute part l’effroyable bruit des eaux, qui roulaient avec la dernière impétuosité, et la lumière des éclairs nous fit apercevoir qu’elles commençaient à nous entourer. En moins d’une demi-heure elles emportèrent le bois que nous avions allumé. Nous ne pensâmes alors qu’à la fuite, et chacun chercha quelque arbre sur lequel il pût monter ; mais la colline n’en ayant que de fort gros, et presque sans aucune branche, il fallut renoncer à cet espoir. J’eus le