Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 15.djvu/41

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sitôt les rivières, et que par la même raison l’eau n’était pas long-temps à disparaître.

« Nous cherchâmes nos radeaux, que nous avions attachés sur la rive, au tronc d’un arbre : ils étaient enfoncés dans la boue, et remplis ; ce qui nous fit reconnaître que nous les avions mal construits, car le roseau creux se soutient ordinairement sur l’eau. Ce nouveau chagrin nous ôta l’envie d’en faire d’autres pour descendre la rivière, et nous résolûmes, à toutes sortes de risques, de retourner chez les Américains. Quelles grâces ne rendîmes-nous pas au ciel de nous avoir inspiré cette résolution, lorsque nous apprîmes ensuite que la rivière allait se jeter dans celle de Chéapo, et que nous serions par conséquent tombés au milieu des Espagnols, dont nous ne devions attendre aucun quartier ! Nous reprîmes donc le chemin par lequel nous étions venus. Comme notre unique nourriture, depuis sept jours, était le fruit de maca, et la moelle d’un arbre que les habitans nomment beïbles, la faim nous faisait chercher des yeux tout ce qui pouvait être propre à la soulager. Nous aperçûmes un daim qui dormait. Un de nos compagnons, détaché pour le tuer, s’en approcha de fort près ; mais, en tirant, un faux pas lui fit manquer son coup : l’animal, éveillé par le bruit, s’éloigna légèrement. Dans le dessein de chercher les habitations, il fallait s’écarter de la rivière, et cette nécessité nous exposait à nous égarer. Heureusement la trace d’un pécari nous conduisit vers