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une plantation. Avant de nous montrer aux habitans, dont nous appréhendions d’être mal reçus, nous nous arrêtâmes pour tenir conseil. On résolut d’envoyer vers eux un seul homme qui serait tiré au sort, et d’attendre l’événement. Le sort tomba sur moi-même, qui avais proposé cette ouverture, et j’allai trouver les Américains, avec assez d’inquiétude sur le traitement que j’en recevrais. Mais elle fut bientôt dissipée par leur accueil. Ils m’offrirent leurs meilleurs alimens, et n’eurent pas plus tôt appris l’embarras de mes compagnons, qu’ils leur envoyèrent le jeune homme dont nous avions éprouvé l’amitié, et il les amena. Nous sûmes de lui la cause de cet heureux changement. Les guides étaient revenus, et se louaient fort de la troupe anglaise, qui leur avait fait oublier par ses caresses et ses présens la violence qu’ils avaient d’abord essuyée.

« Nous prîmes six ou sept jours de repos dans cette plantation, après quoi l’impatience de nous approcher de la mer du Nord nous remit en marche. Les Américains, remplis alors de bonne volonté, nous donnèrent pour guides quatre jeunes hommes robustes, qui marchèrent volontairement devant nous. Ils nous menèrent en un jour au bord de la rivière, où nous en avions mis trois à nous rendre. Nous y trouvâmes un canot, sur lequel ils nous firent embarquer ; mais ce fut contre le courant qu’ils ramèrent jusqu’au soir. À l’entrée de la nuit, ils nous mirent à terre, pour nous faire loger