femmes. Cependant j’avais conservé mon habit pour me présenter avec plus de décence aux premiers Européens que je pouvais rencontrer. Lacenta chargea quatre femmes de transporter ce petit équipage avec mes provisions, et me dit, en m’embrassant, que je serais surpris, à mon retour, de tout ce qu’il voulait faire en ma faveur. Quinze jours de marche me firent arriver à son habitation, où mes compagnons apprirent avec des transports de joie que j’avais obtenu leur liberté et la mienne. Je pris quelques jours de repos, après lesquels nous nous mîmes en marche vers la mer du Nord, escortés par un grand nombre d’Américains bien armés.
« Ils nous menèrent par des chemins très-rudes, et par de si hautes montagnes, qu’il y en eut une où nous eûmes besoin de quatre jours entiers pour arriver au sommet. En y arrivant, je fus pris d’un étourdissement de tête que je crus devoir attribuer à l’extrême subtilité de l’air. Elle me parut beaucoup plus élevée que celles dont M. Dampier a donné la description, et que nous avions traversées ensemble sous le capitaine Shap. La cime de toutes les autres était au-dessous de nous, et souvent des nuées épaisses nous empêchaient de voir les terres basses qui nous environnaient. Nous n’eûmes pas moins de peine à descendre de cette étrange hauteur ; mais, en descendant, mon cerveau se dégageait par degrés des vapeurs qui m’avaient étourdi.