Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 15.djvu/51

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans ce déguisement, et je pris la posture ordinaire des naturels du pays, qui est de se tenir assis sur les jarrets. On fut plus d’une heure à me considérer, sans pouvoir se rappeler qui j’étais. Enfin quelqu’un s’écria : « Eh ! c’est notre docteur Waffer, c’est lui-même » ; et tout le monde ouvrit aussitôt les yeux. Je me lavai, je n’épargnai rien pour effacer les traces de ma peinture ; mais le soleil les avait séchées depuis si long-temps, que je ne pus les ôter tout-à-fait qu’avec une partie de ma peau. »

Lorsque les habitans de l’isthme doivent partir pour la guerre, ils se peignent le visage de rouge, les épaules et l’estomac de noir, et le reste du corps de jaune, ou de quelque autre couleur. Quelques-uns, mais en petit nombre, rendent ces traits ineffaçables en se faisant piquer la peau d’une pointe d’épine pour appliquer les couleurs sur les parties piquées. Ils ne portent ordinairement aucune sorte d’habits. Les femmes ont seulement à la ceinture une pièce de toile ou de drap qui leur tombe jusqu’aux genoux ; mais les hommes sont absolument tout nus, et n’observent la bienséance naturelle qu’en se couvrant d’une feuille de bananier tournée en forme d’entonnoir, et soutenue par un cordon qu’ils se lient autour du corps. Cette nudité habituelle n’empêche point qu’ils n’estiment les habits. Un Américain qui obtient une vieille chemise de matelot la porte avec affectation, et paraît en devenir plus fier. Ceux de la côte du nord ont même de longues