richesses dans son sein qu’elle étale de magnificence au-dehors. Les édifices sont généralement d’une beauté extraordinaire. On fait monter le nombre de ses habitans à vingt-quatre mille, dont plus de quatre mille sont Espagnols, et le reste de race américaine, ou nègres et mulâtres ; la plupart si aisés, qu’ils passeraient pour riches dans toute autre contrée du monde.
Le gouverneur fait sa résidence ordinaire dans la ville. Il était indépendant, pour le militaire, avant 1739 : mais, depuis l’érection de la vice-royauté de la Nouvelle-Grenade, il en relève dans les affaires de cette nature, comme on appelle pour les affaires civiles à l’audience de Santa-Fé. La juridiction spirituelle de l’évêque s’étend aussi loin que le gouvernement militaire et civil.
C’est dans la baie de Carthagène que les galions arrivaient pour y attendre que l’armadille du Pérou se fût rendue devant Panama. « Au premier avis qu’ils en reçoivent, dit Ulloa, ils prennent la route de Porto-Bello, où se tient une foire, après laquelle ils reviennent faire dans la baie les provisions nécessaires à leur retour, et bientôt ils se hâtent de remettre à la voile. Dans leur absence, la baie est déserte. À peine y voit-on quelques bélundres ou felouques du pays, qui ne s’y arrêtent que pour le carénage ou le radoub.
« Carthagène étant la première échelle où se rendent les galions, on doit se faire une haute idée du commerce d’une ville qui reçoit les