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prémices de tout ce qui passe d’Espagne dans l’Amérique méridionale. En effet, les ventes, quoique dépouillées des formalités qui s’observent à Porto-Bello, y sont ordinairement fort considérables. Les négocians des provinces intérieures méridionales, telles que Santa-Fé, Popayan et Quito, y apportent leurs propres fonds, et ceux qu’on leur a confiés pour l’encomiada, c’est-à-dire pour des commissions. Ces fonds sont employés en marchandises et en provisions. Santa-Fé et Popayan ne pouvant recevoir les unes et les autres que par la voie de Carthagène, leurs marchands viennent dans cette ville avec de l’argent et de l’or monnayés, en lingots et en poudre ; ils apportent aussi des émeraudes, qui sont les pierreries les plus estimées dans ces régions, et dont il se trouve de riches mines dans l’intérieur du pays. Cependant, depuis que les émeraudes ont beaucoup perdu de leur prix en Europe, surtout en Espagne, où elles ne sont presque plus recherchées, ce commerce, qui était autrefois considérable, est extrêmement déchu.

« Pendant le temps que les galions passent à Carthagène, et que don Ulloa nomme la petite foire, on y voit quantité de boutiques ouvertes, soit au profit des Espagnols arrivés sur les galions, soit à celui des marchands de la ville. Les cargadores favorisent les uns et les autres en leur fournissant des marchandises à mesure qu’elles se vendent. Dans cet intervalle, tout le monde gagne. Les uns don-