Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 15.djvu/95

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’août. Les pluies sont alors continuelles sur la montagne de Guanacas, d’où cette rivière descend, et les orages si furieux, qu’on n’en approche pas sans danger.

Le climat de ce gouvernement varie, comme la plupart de ceux dont on a parlé, suivant la situation des lieux. À Popayan même, et dans quelques autres cantons, le printemps est perpétuel. On prétend que le territoire de Caluto est le plus sujet au tonnerre, et de là vient la célébrité de ses cloches, auxquelles on attribue, sur diverses traditions, une vertu particulière contre la foudre. Dans quelques vallées, surtout dans celle de Neyba, on trouve un petit insecte, nommé coya ou coyba, de la grosseur d’une punaise, dont le sang est si venimeux, que, s’il en rejaillit, en l’écrasant sur la peau d’un homme ou d’une bête, l’humeur pénètre les pores, s’insinue dans la masse du sang, fait enfler horriblement le corps, et cause bientôt la mort. Le coca, bétel de l’Amérique méridionale, croît en abondance dans le Popayan, et fait partie de son commerce, qui est assez considérable, parce que ce pays est le chemin par où toute l’audience reçoit les marchandises d’Espagne ; il a d’ailleurs des correspondances régulières avec Quito, Choco et Santa-Fé, où il envoie des bestiaux, des mules, du bœuf fumé, des jambons, du tabac en feuilles, du saindoux, de l’eau-de-vie de cannes, du fil de coton, de la pite ou fil d’agavé, des rubans et d’autres marchandises. On