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le parti de s’embarquer avec sa troupe sur un petit bâtiment qui était demeuré à l’ancre. Il descendit le fleuve jusqu’à la mer, et, rangeant la côte, il s’avança vers les 32 degrés de latitude, où il trouva un port commode qui lui fit naître l’idée d’y faire bâtir un petit fort. Les naturels du pays étaient fort humains. Il ensemença un terrain qu’il jugea fertile, et sa petite colonie s’établissait fort heureusement ; mais il en fut chassé par les Portugais, qui avaient déjà des établissemens dans le Brésil. Il alla chercher avec tout son monde une retraite plus paisible dans l’île de Sainte-Catherine.

Les récits et les sollicitations de Cabot avaient disposé la cour à suivre l’entreprise du Paraguay ; mais lorsqu’on eut appris qu’il n’y restait pas un Espagnol, et qu’il fallait recommencer sur de nouveaux frais, les résolutions devinrent si lentes, que la cour de Lisbonne eut le temps d’armer une nombreuse flotte qui paraissait destinée à la même expédition. On sut néanmoins qu’elle avait pris une autre route, et les Espagnols, que la nouvelle de cet armement avait paru réveiller, retombèrent dans leur première léthargie. Sébastien Cabot, dont le nom ne paraît plus entre les voyageurs du même temps, était mort, ou rebuté d’une si longue indolence. Sept ou huit ans qui s’étaient passés depuis son retour semblaient avoir fait oublier toutes ses propositions, lorsque de nouveaux motifs, ignorés