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l’exemple des plus hautes vertus. Ils trouvèrent des obstacles, et souvent de la part des Espagnols plus que de celle des Indiens. Mais la cour d’Espagne les soutint par sa protection, et leur constance triompha de tout.

Ils avaient conçu dans le cours de leurs travaux que les conversions étaient retardées par deux principales causes : l’une, qu’on rendait le christianisme odieux aux naturels du pays par la manière dont on traitait ceux qui l’avaient embrassé ; l’autre, que tous les efforts des missionnaires pour en persuader la sainteté aux néophytes, étaient rendus inutiles par la vie licencieuse des anciens chrétiens. Là-dessus, ils formèrent le projet d’une république chrétienne, qui pût ramener, au milieu de cette barbarie, les plus beaux jours du christianisme naissant, en écartant les rigueurs par l’abolition des commandes, et le scandale du mauvais exemple par l’éloignement des Espagnols. Le plan fut présenté à Philippe iii, avec un engagement solennel à lui conserver tous les droits de la souveraineté. Il l’approuva, il l’autorisa par des ordonnances, et tous ses successeurs l’ont confirmé après lui. Quelques jésuites en avaient déjà tenté la pratique dans quatre réductions qu’ils avaient formées d’avance, et dont le succès les avait encouragés. On compte pour la première, en 1610, et par conséquent pour le berceau de toutes les autres, celle de Lorette, sur la rivière de Paranapam. Telle fut l’origine de ce qu’on nomme les missions du