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coup. Ainsi, lorsqu’on est blessé, le seul parti est de se laisser prendre, ou de se déchirer à l’instant pour se dégager. Si ces sauvages font un prisonnier, ils lui scient le cou avec une mâchoire de poisson. Ensuite ils lui arrachent la peau de la tête, qu’ils gardent comme un monument de leur victoire, et dont ils font parade dans leurs fêtes. Ils sont bons cavaliers, et les Espagnols se sont repentis d’avoir peuplé de chevaux toutes ces parties du continent. On raconte qu’ils les arrêtent à la course, et qu’ils s’élancent dessus indifféremment par les côtés ou par la croupe, sans autre avantage que de s’appuyer sur leurs javelots. Ils n’ont pas l’usage des étriers ; ils manient leurs chevaux avec un simple licou, et les poussent si vigoureusement, que l’Espagnol le mieux monté ne saurait les suivre. Comme ils sont presque toujours nus, ils ont la peau extrêmement dure. Le P. Loçano vit la tête d’un Mocovi dont la peau avait sur le crâne un demi-doigt d’épaisseur.

Les femmes du Chaco se piquent le visage, la poitrine et les bras, comme les Moresques d’Afrique. Les mères piquent leurs filles dès qu’elles sont nées, et, dans quelques nations, elles arrachent le poil à tous leurs enfans, dans la largeur de six doigts, depuis le front jusqu’au sommet de la tête. Toutes les femmes du Chaco sont robustes ; elles enfantent aisément. Aussitôt qu’elles sont délivrées, elles se baignent et lavent leurs enfans dans le ruisseau le plus proche. Leurs maris les traitent dure-