Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/49

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ment, peut-être, soupçonne l’historien, parce qu’elles sont jalouses. Il ajoute que, de leur côté, elles n’ont aucune tendresse pour leurs enfans. L’usage du Chaco est d’enterrer les morts dans le lieu même où ils ont expiré. On place un javelot sur la fosse, et l’on y attache le crâne d’un ennemi, surtout d’un Espagnol ; ensuite on abandonne la place, et l’on évite même d’y passer, jusqu’à ce que le mort soit tout-à-fait oublié.

L’historien observe que le plus grand obstacle, non-seulement à la conquête, mais à la conversion du Chaco, est venu jusqu’à présent des Chiriguanes. Les opinions, dit-il, sont fort partagées sur l’origine de cette nation. Techo et Fernandez ont cru, sur la foi d’un manuscrit de Ruis Diaz de Gusman, qu’elle descend de ces Indiens qui tuèrent Alexis Garcia à son retour du Pérou, et qui, dans la crainte que les Portugais du Brésil ne pensassent à venger sa mort, se réfugièrent dans la Cordillière chiriguane. Fernandez ajoute qu’ils n’étaient pas alors plus de quatre mille. Mais Garcilasso de la Véga, dont l’autorité doit l’emporter, raconte, que l’inca Yupanqui, dixième empereur du Pérou, entreprit de soumettre les Chiriguanes déjà établis dans ces montagnes, où ils se faisaient également redouter par leur bravoure et leur cruauté. Il ajoute que l’expédition de l’inca fut sans succès. On sait d’ailleurs qu’ils n’ont pas d’autre langue que celle des Guaranis ; ce qui semble obliger de les