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rendre du jus. Elle leur tient lieu de toute nourriture aussi long-temps qu’ils en ont ; et, quelque travail qu’ils fassent, ils ne souhaitent pas d’autre soulagement. L’expérience fait voir, en effet, que cette herbe les rend vigoureux, et qu’ils s’affaiblissent lorsqu’elle leur manque : ils prétendent même qu’elle raffermit les gencives et qu’elle fortifie l’estomac. La meilleure est celle qui croît aux environs de Cusco. Il s’en fait un grand commerce, surtout dans les lieux où l’on exploite les mines ; car les Américains ne peuvent travailler sans cet aliment, et les propriétaires des mines leur en fournissent la quantité qu’ils désirent, en rabattant sur leur salaire journalier. Ulloa s’est persuadé à tort que le coca était la même plante que le bétel des Indes.

Dans le Popayan, il se trouve des arbres d’où l’on voit distiller sans cesse une sorte de gomme ou de résine que les habitans nomment mopamopa. Elle sert à faire toutes sortes de laques ou de vernis sur bois ; et ce vernis est non-seulement si beau, mais si durable qu’il ne peut être détaché, ni même terni par l’eau bouillante. La manière de l’appliquer est fort simple. On met dans la bouche un morceau de la résine, et l’ayant délayé avec la salive, on y passe le pinceau ; après quoi il ne reste qu’à prendre la couleur qu’on veut avec le même pinceau, et qu’à la coucher sur le bois, où elle forme un aussi bel enduit que ceux de la Chine. Les ouvrages que