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mince, jaune dans quelques-unes, et rouge dans d’autres, ou mêlée quelquefois de ces deux couleurs. Cette racine se mange, et a le goût de la châtaigne, avec cette différence commune aux fruits de l’Amérique, qu’elle est douce. Elle se mange bouillie ou frite. On en fait des conserves au sucre, qui passent pour délicieuses dans le pays.

Le quinoa est une espèce d’anserine (chenopodium quinoa), dont les feuilles se mangent comme les épinards ou l’oseille, et la graine comme le millet ou le riz. On fait avec la graine une bière très-agréable.

La fameuse plante qui se nomme la coca, et qui était autrefois particulière à quelques cantons du Pérou, est aujourd’hui fort commune dans toutes ses provinces méridionales, par le soin que les Indiens prennent de la cultiver. Elle croît même dans le Popayan : mais jusque aujourd’hui la province de Quito n’en produit point, et ses habitans en font peu de cas, tandis que tous les Péruviens la préfèrent aux pierres précieuses. C’est l’erytroxylon peruvianum, arbrisseau fort rameux, qui s’entrelace aux autres plantes : la feuille en est fort lisse, et longue d’environ un pouce et demi. Les Américains la mâchent mêlée en portion égale avec une sorte de craie ou de terre blanche qu’ils nomment mambi. Ils crachent d’abord ; mais ensuite ils avalent le jus avec leur salive, en continuant de mâcher la feuille et de la tourner dans leur bouche jusqu’à ce qu’elle cesse de