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plus laborieux. Le luxe avait multiplié leurs besoins ; ils n’y purent suffire avec la seule herbe du Paraguay : la plupart même n’étaient plus en état d’en acheter, parce que la grande consommation en avait augmenté le prix. »

Cette herbe, si célèbre dans l’Amérique méridionale, est la feuille d’un arbre de la grandeur d’un pommier moyen : son goût approche de la mauve, et sa forme est à peu près celle de l’oranger. Elle a aussi quelque ressemblance avec la feuille de la coca du Pérou ; mais elle est plus estimée au Pérou même, où l’on en transporte beaucoup, principalement dans les montagnes, et dans tous les lieux où l’on travaille aux mines. Elle s’y transporte sèche et presque réduite en poussière. Jamais on ne la laisse infuser long-temps, parce qu’elle rendrait l’eau noire comme de l’encre. Le nom générique en Indien est caa, et on en distingue trois sortes, sous les noms de caacuy, caamini et caaguazu, ou yerva de palos.

Le caacuy est le premier bouton qui commence a peine à déployer ses feuilles. Le caamini est la feuille qui a toute sa grandeur, et dont on tire les côtes ayant que de les faire griller : si les côtes y restent, on l’appelle caaguazu ou palos. Les feuilles qu’on a grillées se conservent dans des fosses creusées en terre, et couvertes d’une peau de vache. Le caacuy ne peut se conserver aussi long-temps que les deux autres espèces, dont on transporte les feuilles