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il arriva à l’embouchure du fleuve qu’on nommait alors Rio de Solis, et, quoique cette embouchure soit une des plus difficiles comme une des plus grandes qu’on connaisse, ce qui lui a fait donner par les gens de mer le nom d’Enfer des Navigateurs, il franchit heureusement tous les écueils jusqu’aux îles Saint-Gabriel, auxquelles il donna ce nom, et qui commencent un peu au-dessus de Buénos-Ayres. La première, qui n’a pas moins d’une lieue de circuit, lui offrit un bon mouillage. Il y laissa ses vaisseaux pour entrer avec les chaloupes dans le canal que ces îles forment avec le continent, qu’il avait à sa droite, et de là dans l’Uruguay, qu’il prit pour le véritable fleuve. Cette méprise eut deux causes : l’une, que les îles de Saint- Gabriel, qu’il laissait à sa gauche, lui cachaient la vue du fleuve ; l’autre, que l’Uruguay est très-large lorsqu’il se joint au Parana. Il le remonta dans la même erreur ; et, trouvant à droite une petite rivière qu’il nomma Rio de San-Salvador, il y construisit un fort où il laissa Alvarez Ramon, et quelques soldats, avec ordre de pousser les observations sur le fleuve ; mais trois jours après, cet officier, ayant échoué sur un banc de sable, y fut tué par les Indiens avec une partie de ses gens. Les autres se sauvèrent à la nage et rejoignirent Cabot, qu’une si triste aventure fit retourner aux îles de Saint-Gabriel.

Il reconnut l’erreur qui lui avait fait prendre un canal pour l’autre, et, remontant l’espace