à sa suite un certain nombre d’engagés et une meute de vingt ou trente chiens, entre lesquels il y avait un braque ou venteur. Quoique la chasse du bœuf fut leur principale occupation, ils se faisaient quelquefois un amusement de celle du porc marron. Dans la suite quelques-uns s’y attachèrent uniquement, et faisaient boucaner la chair de ces animaux à la fumée de la peau même, ce qui lui donnait un goût délicieux.
Les chasseurs partaient à la pointe du jour, ordinairement seuls, et leurs engagés suivaient avec les chiens. Le seul chien venteur allait devant, et conduisait souvent le chasseur par d’affreux chemins. Dès que la proie était éventée, tous les autres chiens accouraient, et l’arrêtaient en aboyant autour d’elle, jusqu’à ce que le boucanier fut posté pour tirer. Il tâchait de lui donner le coup au défaut de la poitrine ; et s’il la jetait bas, il se hâtait de lui couper le jarret, pour la mettre hors d’état de se relever. Quelquefois l’animal, n’étant que légèrement blessé, se jetait furieusement sur les chasseurs ; mais, outre qu’ils étaient presque toujours sûrs de leur coup, la plupart étaient assez agiles pour se réfugier derrière un arbre et pour monter au sommet. La bête était écorchée sur-le-champ, et le maître en tirait un des plus gros os, qu’il cassait pour en sucer la moelle. C’était le déjeuner ordinaire des boucaniers. Ils abandonnaient les autres os à leurs engagés, et lais-