s’employaient de bonne grâce à la guerre. Il s’en trouva même de fort braves, et d’assez habiles pour faire d’immenses fortunes après s’être délivrés de la servitude.
Des qualités médiocres n’auraient pas suffi dans un gouverneur pour inspirer le goût de l’ordre à des gens d’un caractère si singulier, et pour en former une colonie réglée. D’Ogeron possédait au plus haut degré celles qui convenaient à cette grande entreprise. Deux voyageurs, également respectables par leur mérite et leur profession, se sont épuisés sur son éloge. « Jamais, dit l’un d’eux, on ne vit un plus honnête homme, une âme plus noble et plus désintéressée, un meilleur citoyen, plus de probité et de religion, des manières plus simples et plus aimables, une plus grande attention à faire plaisir, plus de constance et de fermeté, plus de sagesse et de véritable valeur, un esprit plus fécond en ressources, ni des vues plus réglées. Il avait, dit l’autre, toute la sagesse, la bravoure, la politesse, le désintéressement et la fermeté qui sont nécessaires à un chef. Il sembla se dépouiller entièrement de la qualité de gouverneur pour se revêtir de celle de père de tous les habitans. Il les aidait de sa protection, de ses avis, de sa bourse ; il était toujours prêt à répandre son bien sur ceux qu’il voyait dans le besoin : il les prévenait. On lui est redevable de la plus grande partie des établissemens qui se firent sur la côte de Léogane jusqu’au Cul-de-Sac, et de-