puis le Port-Margot jusqu’au delà du Cap-Français. » Il ne reste, pour la conclusion de cet article, qu’à rassembler les principaux traits d’un gouvernement dont la mémoire est en vénération à Saint-Domingue, et qui passe pour la véritable fondation de cette colonie.
Mais ne dérobons rien à la gloire du vertueux gouverneur. Il avait été pendant quinze ans capitaine au régiment de la marine, lorsqu’il prit le parti de s’associer à la compagnie qui fut formée en 1656, pour la rivière d’Ouatinigo, dans le continent d’Amérique. L’année suivante, il s’embarqua sur un navire nommé la Pélagie, après avoir employé dix-sept mille francs aux préparatifs nécessaires pour un grand établissement. En arrivant à la Martinique, il apprit qu’on avait abusé de sa bonne foi ; et, prenant la résolution de s’établir dans cette île, il demanda au gouverneur, qui en était propriétaire, un quartier, qui lui fut accordé, mais qu’ensuite on voulut lui faire changer pour un autre. Cette nouvelle infidélité le piqua si vivement, qu’il se laissa persuader par quelques boucaniers de passer avec eux dans l’île de Saint-Domingue. Une méchante barque, sur laquelle ils le reçurent avec ses engagés et tout son train, l’ayant conduit droit à Léogane, il fit naufrage à la vue des côtes. Tout le monde se sauva, mais la meilleure partie de ses marchandises et de ses provisions fut perdue ; et ce malheur le mit dans la nécessité de congédier ses engagés. Il se vit ré-