Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/245

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complexion saine, lestes, adroits, robustes. Ils vivraient très-long-temps s’ils apportaient plus de soin à ménager leurs forces ; mais ils les ruinent par des marches forcées et par des abstinences outrées, suivies d’une intempérance excessive. L’eau-de-vie, funeste présent des Européens, pour laquelle ils ont une passion qui va jusqu’à la fureur, et qu’ils ne boivent que pour s’enivrer, a comme achevé leur perte, ou du moins elle n’a pas peu contribué au dépérissement d’une infinité de nations qui sont aujourd’hui réduites à la vingtième partie de ce qu’elles étaient au commencement du dernier siècle.

Dans les pays qui tirent vers le sud, ils ne gardent aucune mesure dans le commerce des femmes, qui sont aussi d’une lasciveté sans bornes. De là vient la corruption des mœurs, qui s’est répandue même parmi les nations septentrionales. On sait, par le témoignage des missionnaires, que les Iroquois étaient assez chastes avant qu’ils fussent en liaison avec les Illinois et d’autres peuples voisins de la Louisiane ; mais, en les fréquentant, ils ont appris à les imiter. La mollesse et la lubricité vont à l’excès dans ces cantons méridionaux. On y voit des hommes qui ne rougissent point d’être habituellement vêtus en femmes, et de s’assujettir à toutes les occupations de ce sexe ; usage venu, dit-on, d’un principe de religion, mais qui a vraisemblablement sa naissance dans la dépravation du cœur. Ces efféminés ne se ma-