Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/319

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pas alors d’autre forme ; mais ce n’est aujourd’hui qu’un amas de cabanes, sans alignement et sans ordre ; les unes en simple appentis, les autres en tonnelles, bâties d’écorces, soutenues de quelques pieux, quelquefois revêtues en dehors d’un enduit de terre assez grossier ; en un mot, construites avec moins d’art, de consistance et de propreté que celles des castors. Elles ont quinze ou vingt pieds de large sur une longueur ordinaire de cent pieds. Avec cette dimension, qui est la plus commune, elles ont plusieurs feux ; car un feu n’occupe jamais plus de trente pieds. Si le rez-de-chaussée ne suffit pas pour contenir tous les lits, ceux des jeunes gens sont sur une espèce d’estrade élevée de cinq ou six pieds, qui règne le long de la cabane ; les meubles et les provisions sont au-dessus, rangés sur des soliveaux qui traversent l’édifice. L’entrée offre une sorte de vestibule où les jeunes gens dorment en été, et qui sert de bûcher pendant l’hiver. Les portes ne sont que des écorces suspendues comme nos stores, et ne ferment jamais bien. Ces édifices n’ont ni fenêtres, ni cheminées : une ouverture qu’on laisse au milieu du toit, et qu’on est obligé de boucher dans le temps de neige ou de pluie, donne quelque passage à la fumée ; mais souvent il faut éteindre le feu, si l’on ne veut risquer de perdre la vue.

Ces barbares se fortifient mieux qu’ils ne se logent. On voit des villages entourés d’assez bonnes palissades, avec des redoutes, où des