Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/320

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provisions d’eau et de pierres ne manquent jamais. Les palissades sont doubles, et quelquefois triples ; elles ont ordinairement des créneaux à la dernière enceinte. Les pieux dont elles sont composées sont entrelacés de branches d’arbres qui ne laissent aucun vide. Ces fortifications suffisaient pour un long siége, lorsque les Américains ignoraient l’usage des armes à feu. Chaque village offre une grande place, mais on en voit peu de régulières. Autrefois, dit-on, les Iroquois bâtissaient mieux que les autres nations, et mieux qu’ils ne bâtissent eux-mêmes aujourd’hui. On voyait dans leurs édifices des figures en reliefs, d’un travail, à la vérité, fort grossier ; mais depuis qu’une suite de guerres a détruit la plupart de leurs bourgades, ils n’ont point entrepris de les rétablir. Avec si peu d’empressement à se procurer les commodités de la vie dans leur séjour ordinaire, on juge aisément qu’ils n’apportent pas plus de soin à leurs campemens dans leurs voyages et dans leurs quartiers d’hiver. Le P. Le Jeune, jésuite missionnaire, qui, pour apprendre la langue des montagnards, prit le parti de les suivre dans une chasse d’hiver, en donne une description curieuse.

« Ces Américains, dit-il, habitent un pays fort rude et fort inculte, mais qui l’est encore moins que celui qu’ils choisissent pour leurs chasses. Il faut marcher long-temps pour y arriver, et porter sur le dos toutes les provisions nécessaires dans un voyage de cinq ou six mois,