Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/350

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qu’il reparaisse ; il nous était trop cher pour différer davantage à le faire revivre. Nous le remettons sur ta natte, dans la personne de ce prisonnier. » Cependant il y a des particuliers si considérés, qu’en leur faisant présent d’un captif on ne leur impose aucune condition ; et le conseil, en le remettant entre leurs mains, s’exprime alors dans ces termes : « On te donne de quoi réparer la perte d’un tel, et nettoyer le cœur de ton père, de ta mère, de ta femme et de tes enfans. Soit que tu veuilles leur faire boire du bouillon de cette chair, ou que tu aimes mieux remettre le mort sur sa natte dans la personne de ce captif, tu peux en disposer à ton gré. » Un esclave qu’on adopte ainsi est conduit à la cabane où il doit demeurer : on commence par le délivrer de ses liens ; on fait ensuite chauffer de l’eau pour lui laver toutes les parties du corps ; on panse ses plaies, s’il en a ; on n’épargne rien pour lui faire oublier les maux qu’il a soufferts ; on le nourrit bien ; on l’habille proprement ; en un mot, on ne traiterait pas mieux celui qu’il ressuscite ; c’est l’expression des sauvages. Quelques jours après on fait un festin, dans lequel on lui donne solennellement le nom du mort qu’il remplace, et dont il contracte toutes les obligations comme il entre dans tous ses droits.

Ceux qu’on destine à la mort sont quelquefois aussi bien traités, dans les premiers temps de leur esclavage, et même jusqu’au moment