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et la chair de ces animaux tient lieu de provisions. Dès que les rivières sont libres, on travaille à faire des canots de leurs peaux, qui sont faciles à coudre ; on couvre les coutures de terre grasse au lieu de goudron ; et ces canots servent à revenir aux habitations avec le bagage.

« La nature, ajoute le même voyageur, a mis une si forte antipathie entre les loutres et les castors, que ces deux espèces d’animaux se font une guerre continuelle. Les sauvages assurent que, vers le mois de mai, on voit quantité de loutres rassemblées qui ont l’audace d’aller attaquer les castors jusque dans leurs cabanes, mais qu’ordinairement elles sont repoussées avec perte. Un castor, à coups de dents et de queue, peut se défendre aisément contre trois loutres. »

Dans les parties méridionales et occidentales de la Nouvelle-France, la chasse ordinaire est celle du bœuf sauvage. On nous donne la méthode des habitans : ils se rangent tous sur quatre lignes, qui forment un grand carré ; et leur première opération est de mettre le feu devant eux aux herbes, qui sont alors sèches et fort hautes. À mesure que le feu gagne, ils avancent en se resserrant. Les bœufs, que le feu épouvante beaucoup, fuient toujours, et se trouvent à la fin si serrés les uns contre les autres, qu’on les tue jusqu’au dernier. On assure qu’un corps de chasseurs ne revient jamais sans en avoir abattu quinze cents ou deux mille.