Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 2.djvu/103

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tombe jusqu’aux genoux. Dans la saison du froid, elles en ont une autre qui leur couvre les épaules, et qui descend jusqu’à la ceinture. Quelques-unes en ajoutent une troisième sur la tête, qui pend jusqu’aux épaules. Rien n’est si comique que cette parure. Elles y joignent des bracelets de cuivre et d’étain aux bras et aux jambes. En général, les deux sexes ont la taille belle, les traits du visage assez réguliers, et la couleur du jais le plus brillant, sans avoir le nez plat ni les lèvres trop grosses. L’esprit et la vivacité ne leur manquent pas ; mais ils souffrent l’esclavage avec tant d’impatience, surtout hors de leur patrie, qu’il est dangereux d’en avoir un grand nombre à bord. Un capitaine, après en avoir acheté plusieurs, avait pris toutes sortes de précautions pour les tenir sous le joug, en les enchaînant deux à deux par le pied, et mettant des menottes aux plus vigoureux. Ils n’en trouvèrent pas moins le moyen d’arracher l’étoupe du vaisseau, et l’eau pénétra si vite, qu’il aurait coulé à fond, si le capitaine n’eût rencontré fort heureusement une vieille voile qui servit à boucher le trou. Le naturel fier et indomptable de ces insulaires est si connu en Amérique, qu’on ne les y achète qu’avec de grandes précautions. Ils ne travaillent qu’à force de coups. Ils se dérobent souvent par la fuite, et quelquefois ils se détruisent eux-mêmes. Remarquons ici que l’historien anglais et son traducteur traitent de vice et d’indolence obstinée ce