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de la nature, le père vend ses enfans ; et si ceux-ci peuvent l’emporter par la force ou par l’adresse, ils traitent de même leurs pères et leurs mères.

À Cazégut, Brue reçut un singulier hommage : il traitait un seigneur nègre sur son bord, lorsqu’il vit paraître un canot chargé de cinq insulaires, dont l’un étant monté à bord, s’arrêta sur le tillac en tenant un coq d’une main, et de l’autre un couteau. Il se mit à genoux devant Brue, sans prononcer un seul mot : il y demeura une minute, et, s’étant levé, il se tourna vers l’est et coupa la gorge du coq ; ensuite , s’étant mis à genoux, il fit tomber quelques gouttes de sang sur les pieds du général. Il alla faire la même cérémonie au pied du mât et de la pompe ; après quoi, retournant vers le général, il lui présenta son coq. Brue lui fit donner un verre d’eau-de-vie, et lui demanda la raison de cette conduite. Il répondit que les habitans de son pays regardaient les blancs comme les dieux de la mer ; que le mât était une divinité qui faisait mouvoir le vaisseau, et que la pompe était un miracle, puisqu’elle faisait monter l’eau, dont la propriété naturelle était de descendre.

Les habitans de Cazégut, surtout ceux qui sont distingués par le rang ou les richesses, se frottent les cheveux d’huile de palmier, ce qui les fait paraître tout-à-fait rouges. Les femmes et les filles n’ont autour de la ceinture qu’une espèce de frange épaisse, composée de roseaux, qui leur