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de l’arbre, oblige d’y faire des incisions pour en tirer cette sève ; car, la gomme n’étant qu’un suc propre qui transsude par les pores de l’écorce, on est forcé, lorsqu’elle ne sort pas d’elle-même de blesser l’arbre pour l’en tirer.

Ce commerce des gommes était, du temps de Brue, entre les mains de trois tribus, ou hordes indépendantes des Maures du désert. Les chefs de ces tribus étaient marabouts, nom générique des prêtres mahométans, qui prêchaient la religion du prophète dans toute la zone torride, qui ont partout un grand crédit, et sont partout de grands hypocrites. Ces Maures du désert méritent d’être considérés avec quelque attention. Ils ont beaucoup de rapport avec cette fameuse nation des Arabes qui a joué si long-temps un si grand rôle dans le monde, et qui, sous la domination des Turcs, n’est plus aujourd’hui qu’un peuple d’esclaves ou un ramas de brigands.

Ces Maures des environs d’Arguin et du Sénégal conservent inviolablement les usages de leurs ancêtres. Si l’on excepte un petit nombre, qui ont leurs cabanes sous les murs du fort de Portendic et vers le Sénégal, ils campent tous en pleine campagne, près ou loin de la mer ou de la rivière, suivant les saisons et les besoins du commerce. Leurs tentes et leurs cabanes ont toutes la forme d’un cône. Les premières sont composées d’une toile grossière de poil de chèvre et de chameau, si bien tissue que, malgré la violence et la longueur