Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 2.djvu/119

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des pluies, il est fort rare que l’eau les pénètre. Ces toiles ou ces étoffes sont l’ouvrage de leurs femmes, qui filent le poil et la laine, et qui apprennent de bonne heure à les mettre en œuvre ; elles n’en sont pas moins chargées de tous les travaux domestiques, jusqu’à celui de panser les chevaux, de faire la provision d’eau et de bois, de faire le pain et de préparer les alimens. Malgré ces assujettissemens où leurs maris les réduisent, ils les aiment et ne les maltraitent presque jamais. Si elles manquent à quelque devoir essentiel, ils les chassent de leur maison, et les pères, les frères ou les autres parens d’une femme coupable la punissent bientôt de l’opprobre qu’elle jette sur la famille ; d’ailleurs les maris se font un honneur d’entretenir leurs femmes bien vêtues, et ne leur refusent rien pour leur parure. Tout ce qu’ils gagnent par le commerce ou par le travail est employé à cet usage ; aussi ne faut-il guère espérer d’obtenir d’eux l’or qu’ils apportent de leurs voyages : ils le gardent pour en faire des bracelets et des pendans d’oreilles à leurs femmes, ou pour garnir la poignée de leurs couteaux et de leurs sabres. On voit que l’esprit de galanterie et de magnificence, anciennement renommé chez les Arabes, se retrouve jusque dans les hordes vagabondes des déserts d’Afrique.

Les femmes des Maures ne paraissent jamais sans un long voile qui leur couvre le visage et les mains. Les Européens ne sont pas