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Ensuite les voyant à l’ancre et sans voiles, ils avaient conclu que c’étaient des poissons. D’autres, observant que ces machines changeaient de place, et qu’après avoir passé un jour ou deux dans quelque lieu, on les voyait le jour suivant à cinquante milles, et toujours en mouvement au long de la côte, s’imaginaient que c’étaient des esprits vagabonds, et redoutaient beaucoup leur approche. En supposant que ce fussent des créatures humaines, ils ne pouvaient concevoir qu’elles fissent plus de chemin dans une nuit qu’ils n’étaient capables d’en faire dans trois jours ; et ce raisonnement les confirma dans l’opinion que c’étaient des esprits. Plusieurs esclaves de leur nation que Cadamosto avait vus à la cour du prince Henri, et tous les Portugais qui étaient entrés les premiers dans cette mer, rendaient là-dessus le même témoignage.

Environ six journées dans les terres au-delà d’Ouaden, on trouve une autre ville nommée Tegazza, qui signifie caisse d’or, d’où l’on tire tous les ans une grande quantité de sel de roche, qui se transporte sur le dos des chameaux à Tombouctou, et de là dans le royaume de Melli. Les Arabes vagabonds qui font ce commerce disposent en huit jours de toute leur marchandise, et reviennent chargés d’or.

Le royaume de Melli est situé dans un climat fort chaud, et fournit si peu d’alimens pour les bêtes, que, de cent chameaux qui font le voyage avec les caravanes, il n’en revient pas